Plusieurs facteurs à la base de l’appréciation de la gourde
Written by admin on September 7, 2020
Depuis plus d’une semaine, l’on assiste à une ascension continue de la gourde. Pour ce vendredi 4 septembre 2020, le taux de référence de la Banque de la République d’Haïti (BRH) est fixé à 108,49 gourdes contre un dollar américain mais dans certaines succursales de banques et de maisons de transfert, la monnaie américaine se change contre moins de 105 gourdes. De l’avis de l’économiste Énomy Germain qui répondait aux questions du Panel Magik du 3 septembre, plusieurs facteurs sont à la base de cette appréciation.
Publié le 2020-09-04 | Le Nouvelliste
L’injection de 150 millions de dollars dans l’économie par la BRH, la publication des sanctions contre des banques commerciales, le don de 33, 3 millions d’euros de l’Union européenne à l’État haïtien et la décision du gouvernement de se passer des dépenses non essentielles sont, de l’avis de l’économiste Enomy Germain, parmi les facteurs qui expliquent le regain de forme de la gourde. Rien qu’en quelques jours, le coût du billet vert décroît considérablement à tel point qu’on parle d’un petit cercle vertueux pour la gourde, car des agents qui, ordinairement, exercent de la spéculation négative sur le taux de change se trouvent dans l’attentisme.
Dans les conditions normales, le marché des changes mobilise formellement environ 40 millions de dollars américains par semaine. Si les 150 millions de dollars de la BRH sont injectés à part égale toutes les semaines, c’est environ 18 millions de dollars qui devraient être sur le marché, ce qui représente 45% des besoins du marché. Cette disponibilité casse ainsi le déséquilibre entre l’offre et la demande de la devise américaine.
La modalité selon laquelle se fait l’injection n’est pas du tout à négliger, selon Enomy Germain. « La Banque de la République d’Haïti s’assure que ce sont les agents économiques qui ont besoin de devises notamment pour les motifs d’importation qui en bénéficient », rappelle-t-il. Les importations totales du pays sont estimées à près de cinq milliards de dollars annuellement, donc c’est dans ce secteur que la grande partie des billets verts sont canalisés. En rendant disponible le dollar, l’économiste entrevoit une baisse de pression sur les acteurs formels et les sous-agents de change.
Dans ce cas, moins de pressions s’exercent sur le dollar. Les acteurs qui exercent des spéculations négatives sur le taux de change sont dans l’expectative. Les banques achètent peu de dollars. Des paramètres qui permettent encore à la monnaie locale de poursuivre son ascension. « Le fait de rendre publiques les sanctions infligées à des banques constitue également un facteur non négligeable dans ce retournement de situation », fait savoir M. Germain, qui croit que les acteurs garderont une posture d’attentisme au moins jusqu’au 30 septembre, Car on se garde de n’effectuer que des dépenses essentielles au cours de la fin de l’année fiscale afin de limiter le plus possible le déficit budgétaire. « Mais l’on peut s’attendre à une toute autre réalité si, entre autres, les injections ne se poursuivent pas à partir du mois d’octobre », conclut Enomy Germain.

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